Pour honorer l’arrivée du printemps nous nous intéresserons ce mois-ci aux lésions parenchymateuses liées au COVID, aux momies égyptiennes et aux nouveautés en chirurgie gynécologique.
Sur le front du COVID
L’épidémie continue de projeter son ombre sur notre quotidien, Stéphane Kremer et Coll du CHU de Strasbourg, se sont intéressés aux anomalies parenchymateuses cérébrales observées à l’IRM chez des patients avec un syndrome respiratoire sévère liée à une infection par SARS-CoV-2.
Cette étude de cohorte rétrospective a inclus 37 patients et a permis d’identifier 3 modèles neuroradiologiques différents pouvant être associés.
Les patients présentant des complications hémorragiques étaient significativement plus enclins à être transférés en réanimation. Quelques patients ont eu des hyper densités FLAIR extensives et confluentes de la substance blanche. Leur pathophysiologie reste incertaine.
L’hypothèse de l’encéphalopathie virale n’est pas confirmée par l’analyse du liquide céphalorachidien. Une maladie démyélinisatrice post-infectieuse a déjà été évoquée par d’autres auteurs. Cependant, Kremer et Coll. remarquent qu’étant donné que ces patients sont passés en soins intensifs pour détresse respiratoire, d’autres hypothèses peuvent être considérées comme : une leuco-encéphalopathie retardée post-hypoxique ou une encéphalopathie métabolique ou toxique ainsi qu’un syndrome encéphalopathique postérieur réversible.
Cette dernière hypothèse est d’après les auteurs en accord avec une étude récemment publiée par Kisshfy et Coll. qui ont présenté la première série de cas de syndrome d'encéphalopathie postérieure réversible (SEPR) associé à une infection par le coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2). Sur la base de leurs observations, ils préconisent un contrôle strict de la pression artérielle chez tous les patients atteints de Covid-19 car l'encéphalopathie hypertensive, avec ou sans SEPR, peut être un facteur contributif de l’allongement des temps de ventilation observés dans Covid-19 sévère.
Plus fun comme sujet, les causes de la mort de pharaon Séqénenrê Taa II qui nous a quitté il y a 3 600 ans viennent de nous être révélées au scanner. Spoiler, ce n’est pas dû au COVID.
Les auteurs suggèrent que le pharaon a été tué par ses adversaires lors d'une « cérémonie d'exécution » après avoir été capturé sur le champ de bataille. Les images tomodensitomériques tridimensionnelles de la tête de Séqénenrê en projection frontale comportent en effet de multiples lésions cranio-faciales portées par des armes
différentes : une fracture béante de l'os frontal; fracture au-dessus du sourcil droit; un traumatisme contondant a favorisé des fractures comminutives du nez, de l'orbite droite et du zygome droit; une petite plaie perforante recouvrant la joue droite causée par des fragments du zygoma fracturé.
L’étude a par ailleurs révélée des détails importants sur la momification du corps de Seqenenre. Par exemple, les embaumeurs ont utilisé une méthode sophistiquée pour cacher les blessures à la tête du roi sous une couche de matériau d'embaumement d’une manière assez proche de la façon dont les fillers sont utilisés en chirurgie plastique… Nous espérons d’ailleurs aller bien plus loin dans la compréhension et l’utilisation de ces outils de reconstruction 3D qui ont été utilisés dans cette étude lors des prochains JFIM.
Avant de vous quitter, laissez-moi vous dire quelques mots à propos de l’excellente conférence que nous vous proposons en ligne ce mois-ci sur les JFIM. Nous nous éloignerons un peu de la radiologie avec le chirurgien Didier Bourgeois qui va traiter des nouveautés dans le domaine de la chirurgie sénologique.
Dr Jean-Philippe Minart
Didier Bourgeois de l'Institut du Sein Henri Hartmann à Neuilly sur Seine passe en revue l’historique des techniques de chirurgie gynécologique jusqu’à la chirurgie robotique.
Il s’agit d’un exposé didactique et richement illustré permettant une meilleure compréhension du travail chirurgical. Un point précis sera effectué sur la recherche du ganglion sentinelle avec l’emploi du vert d’indocyanine. Comme nous le verrons par la suite, la connaissance du statut ganglionnaire lymphatique est essentielle pour établir le statut tumoral, le pronostic et le traitement chirurgical. Comme il nous l’explique, la chirurgie du cancer du sein, plus qu’une chirurgie d’organe est d’abord une chirurgie de circulation vasculaire et lymphatique.
La compréhension de la prise charge chirurgicale nous aide à mieux collaborer de façon globale et améliorer notre compréhension de la pathologie.
Ce topo s’adresse donc tous les médecins impliqués dans la prise en charge des patientes atteintes de cancer du sein.